Ce texte, écrit par Albert Aribaud
Je suis installé à la terrasse du troquet, savourant pour commencer le fait qu’il reste des troquets à la terrasse desquels s’asseoir, et que celui-ci soit assez proche pour que je puisse de temps à autre m’y arrêter.
Mon café (décaféiné, santé oblige) attend obligeamment que je finisse de le boire, tandis que je lis mon journal du matin en attendant le passage d’un collègue de labo dont je guette l’arrivée d’un coup d’oeil après chaque nouvel article.
C’est lors d’une de ces scrutations rapides que je remarque l’individu posté sur le trottoir d’en face. Posté est le terme : il me regarde fixement, immobile au milieu des passants. Son regard croise le mien, et c’est cela, j’en suis sûr, qui le met en branle vers moi […]