Ma vie est une page blanche remplie de mots

Je ne peux pas écrire. Ou très peu. Peu, comme ma petite vie où pas grand-chose ne se passe. Je patiente pendant que le jour avance, puis s’efface. Voilà déjà demain, enfin, ce n’est pas trop tôt… Toujours aussi fade, aussi plat. Quel gâchis d’aujourd’hui.

Une petite vie qui ne vaudrait pas la peine d’être lue serai-elle même écrite, comme un roman de gare dont on regarde à peine les pages blanches remplies de mots. Dès que j’ouvre les yeux les couleurs qui m’aveuglent laissent place à la réalité. Un ciel grisonnant et un palet sans goût.

J’ai peut-être trop lu.

Lire c’est mentir à soi-même. On devient Autre ; dès lors on aime, on pleure, on rit en milles teintes.

Voilà pourquoi je ne peux pas écrire, rien n’est création chez moi, seulement une pâle copie d’œuvres dont je m’enivre sans jamais atteindre les nuances exactes.

Une colère un peu trop ocre, un chagrin légèrement décalé sur la gauche. Je perçois les dissonances de mes actions sans jamais arriver sur le bon ton. Est-ce que j’aime ou est-ce que je joue l’amour ? Que suis-je ? Ah ! C’est une devinette ! Un rebut ! Mon premier… Voilà que je me perds.

Je ne veux pas écrire. Je refuse !

On voulut m’empêcher en m’ôtant le talent ; m’infliger un amour dont moi seule est l’Amant. Adieu. C’est moi qui rejette la plume, le stylo, le clavier, la machine à écrire et le dictaphone !

.

C’est si silencieux d’un coup. Je n’ai plus les mots, eux-aussi ont fui. Je suis seule.

Alors j’attrape un crayon et j’écris : sur mes lèvres sèches, sur mes conversations intimes, sur mes pensées spontanées. Les voilà ! Timides, cachés derrière la peur du ridicule, ils sortent de leur cachète.

J’écris pour les mots, pour les sentir sous mes doigts, remonter le long de ma gorge et bourdonner dans mes oreilles.

J’écris, sans talent et sans peur.

J’écris.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.