La Femme

 

[Discours sur le féminisme ; thème “La Femme”]

Il est amusant de noter que l’homme et la femme sont souvent dit complémentaires alors que les mots mêmes ne le sont pas. L’Homme avec un grand H, c’est nous tous. Je suis née Homme et je mourrai Homme. Alors que la Femme avec un grand F n’est personne ; idéal inatteignable contenu dans dix ans de vie où ni trop frêles, ni trop fatigués, le corps et la beauté sont adulés. Je suis née fille et je mourrai vieille, avec un peu de chance.

Pourtant, dès l’enfance, la fille est une femme en puissance. On la regarde à travers le prisme du futur et bien que son corps ne le soit pas encore, son esprit est formé. Je dirais même modelé, comme la pâte avec laquelle elle joue maintenant. Loin de moi toute tentative freudienne d’explication, je ne parlerai ici que de mots mal placés : sous-entendus et allusions, ces chuchotements caressent son esprit sans chercher à changer le cours de son destin ; certes ils la poussent dans un certain chemin mais sans malice, n’est-ce point ?

Et la fille, petite femme, se conforme à ce rôle qui la conforte dans ses idées. Dans cette période de trouble où l’on se cherche, s’invente à l’image de ce que l’on croit être la maturité, elle rejoue la scène tant et tant fois regardée et prend plaisir à plaire car elle se sent aimée. Voilà enfin une place qu’on ne pourra pas lui prendre. *3 coups* Lumières, spectateurs. Peu importe si la perruque ne lui va pas et le corset est trop serré. Tout ce qu’elle veut c’est être sur les planches !

Mais voilà que cachée dans les coulisses, une autre, dégoûtée de cette pièce où l’héroïne n’est que décors, se jure de ne jamais accepter de jouer ce rôle unique qui leur est toutes offert. La femme sera homme ou elle ne sera rien ! Elle enchaîne les héros shakespeariens et regarde de haut celles qui acceptent d’être une énième Ophélie ou Juliette. Son visage est éclairé par les flammes du bûcher sur lequel elle brûle cette Femme qui l’enferme.

Ces allégories sont loin d’être opposées, comme deux faces d’une même pièce de monnaie, elles ne peuvent pas se voir mais vont toujours ensembles dans ce système financier où la valeur de toutes les devises est réglée par l’homme – petit h. Alors c’est une impasse, on retourne la pièce dans tous les sens mais jamais son but n’évolue. On pensait s’être débarrassée du F majuscule mais c’est tous les petits que l’on a rabaissé.

En cette ère de modernité, l’on a pu assister à la formation, pièce par pièce, d’une femme robot : sans sensibilité, ni sentiment. Une femme forte, froide, indépendante de tous par son charisme et sa soif de pouvoir. Prototype souvent opposé à sa prédécesseuse, elle plutôt robot-ménager. Pourtant, ce modèle est loin d’en être un pour les petites filles. Si l’on enlève la carcasse, son code n’est pas bien différent de celui de l’homme-type et appliquer les stéréotypes masculins sur les femmes en appelant cela « émancipation » c’est inciter à penser que ces caractéristiques sont meilleures que celles typiquement féminines.

Or, la douceur, la réflexion, l’empathie sont autant d’armes dont doivent se doter les Hommes, ô grand H de l’Humanité. Pas besoin d’arrêter de porter du rose pour être féministe. Vivre comme on l’entend, sans chercher la validation des hommes et prôner cette liberté, peu importe la forme qu’elle prend, c’est ça le Féminisme, avec – enfin – un grand F.

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